Antoine Vandersteen Mauduit Larive

 

Le commandant Mauduit (dit Banne)

 

Antoine Vandersteen Mauduit Larive est né le 8février 1902 au Chesnay, petite ville proche de Versailles (Yvelines). Il est le sixième d'une famille de 10 enfants, résidant au Chesnay  avant 1900.

 

En 1920 à la sortie de l’école c’est à dire à 18 ans, il devance l’appel et s’engage pour 3 ans dans l’armée coloniale. Il est rapidement nommé caporal puis sergent fourrier. Il quitte l’armée en juin 1923 avec le grade de lieutenant de réserve.

Il exercera une activité commerciale dans la distribution et la fabrication de peinture. Néanmoins prenant conscience de l’affaiblissement de la puissance militaire de La France, en 1935, il cherche à intégrer l’armée comme officier. La voie normale ayant échouée, il s'engage le 8 avril 1935, sous une fausse identité, dans la Légion étrangère à Sidi-Bel-Abbés. Inscrit au peloton d'élèves caporaux, il est nommé caporal et obtient le brevet de mitrailleur d'élite. Il dévoile alors sa véritable identité et demande son incorporation comme officier. Ce qui lui est refusé, il quitte la Légion étrangère avec regret. Il devient alors agriculteur et crée une ferme coopérative. 

En septembre 1939, il est mobilisé avec le grade de lieutenant, au 433° Régiment de pionniers, il est ensuite muté au 12° Régiment étranger d'infanterie (légion étrangère). Ce régiment est formé au village:  La Boisse, dans l'Ain.

En 1940, avec sa section, il est chargé de défendre un embranchement de routes et un pont à Crouy-sur-Marne Son groupe tient bon, les Allemands ne passent pas. Mais les autres groupes qui le flanquent ont cédé. Mauduit est cerné avec ses hommes et doit se rendre. Il est fait prisonnier à Nanteuil le 12 juin 1940.

 

Comme officier Mauduit se retrouve dans l’Oflag V A de Weinsberg (près de Stuttgart).

La documentation et les témoignages sont nombreux concernant ce camp. De nombreux officiers y ont séjournés.

Plusieurs se sont évadés, d’autres ont été libérés mais la plupart sont restés prisonniers jusqu'à la libération 1945.

Dans ce camp, les officiers français prisonniers étaient originaires de toutes les régions de France, il y avait quelques algériens, indochinois, malgaches.

 

Comme la plupart des prisonniers dans les camps, Antoine Mauduit n'a pas entendu l'appel du général de Gaulle, et comme bien d'autres il est d'abord favorable à la politique du maréchal Pétain, le vainqueur de Verdun, à qui il fait entière confiance. Mais après l'entrevue de Montoire, il rejette toute idée de collaboration avec l'ennemi. Un jour, dans un colis, il trouve un petit sachet contenant de la terre de France. Sur cette poignée de terre, huit hommes qui refusent la défaite et le joug de l'occupation allemande, prêtent le serment de chercher à s'évader par tous les moyens et de se regrouper en France pour continuer la lutte contre l'occupant. Ils seront les premiers membres d'un mouvement secret de résistance qu'ils baptisent « La Chaîne».

Comme mot d'ordre ils choisissent :

« La croix ancrée vaincra la croix gammée ».

En tant qu'officier des troupes coloniales, Antoine Mauduit fait partie du contingent d'officiers libérés au début de 1941, pour rejoindre l'armée de l'armistice et renforcer l'encadrement des unités chargées de la défense des colonies françaises attaquées par les Britanniques et l'armée de la France. Libéré, il se retrouve en France le 8 juillet 41. Il est affecté au 65e régiment d’infanterie stationné à Avignon, puis aux troupes coloniales de Fréjus.

  Il rencontre des amis, d’anciens prisonniers et crée une première exploitation agricole qu'il installe au Bonfin prés de Fréjus. Ce domaine est composé de 3 hectares de vigne, de terrains incultes et d’une maison. Il constitue une  agricole.

Durant sa captivité, grâce à l'abbé Perrin , un autre officier prisonnier comme lui, il avait découvert la dévotion à Notre-Dame de la Salette et le message de la « Dame » aux enfants à qui Elle apparut en 1856.

« La vierge aux Chaînes, délivrez les prisonniers »

Comme il l'a promis devant ses camarades à Weinberg, il effectue à pied les 45 km qui séparent Montmaur du sanctuaire de La Salette (près de Corps, dans l'Isère).

Il cherche à se faire démobiliser et n'attend pas sa libération pour créer un centre de repos pour prisonniers libérés ou évadés qu'il implantera au château de Montmaur (Hautes Alpes, village entre Gap et Veynes) et qui deviendra officiellement l'association « La Chaîne », en juin 1942 (zone non occupée à cette époque).

 D'abord centre d'accueil de prisonniers libérés ou évadés, Montmaur devient rapidement un centre clandestin qui fournit des faux papiers et des plans d'évasion qui sont expédiés dans les camps grâce à un réseau très fermé. Parallèlement Antoine Mauduit établit de nombreux contacts dans toute la France avec des personnalités appartenant au milieu «prisonniers » qui désapprouvent la politique de collaboration.

Le 29 janvier 1944, le commandant Mauduit se trouve dans le village du Saix, près de Veynes. À 4h30 du matin, le village est encerclé par les Allemands et les miliciens qui entrent dans toutes les habitations et en font sortir les hommes. Antoine Mauduit s'enfuit par une fenêtre, s'éloigne et attend que les Allemand abandonnent les lieux. Il veut rejoindre Montmaur le plus rapidement possible afin de donner l'alerte. Le calme lui semblant revenu, il repart et se dirige vers une ferme. Mais des chiens en aboyant, signalent sa présence à un poste de guet tout proche. Il est alors arrêté et frappé sauvagement. Sept autres personnes sont arrêtées avec lui.

Pourquoi, subitement cette arrestation? Dans les archives, on constate fin janvier que Mauduit est inquiet, il constate des anomalies dans le fonctionnement de son maquis. Par ailleurs la gestapo connaissait les activités de "la Chaîne" depuis 1943. Je me demande si cette arrestation n'a pas été initialisée discrètement par d'autres mouvements de résistance interne qui ne partageaient pas les idées et prérogatives d'Antoine.

Antoine Mauduit est transféré à Marseille à la prison des Beaumettes, puis le 19 avril 1944, il est dirigé sur Compiègne où il reçoit le matricule n° 51257. Le 12 mai 1944, il est envoyé à Buchenwald. Pendant son transfert, il tente de s'évader mais toutes les tentatives sont déjouées par les S.S. En juillet 1944, il est envoyé au camp de Dora où l'on fabrique les fusées Vl et V2. Il travaille dans le tristement célèbre tunnel.

A l'approche des troupes alliées, il est transféré à Bergen-Belsen. Dès la libération du camp, bien que très affaibli, le commandant Mauduit participe avec Pierre Bollaert à l'organisation du rapatriement des déportés. Il sert d'interprète. Sur la route du retour, son état de santé s'aggrave brusquement. A la première étape, ses amis le font hospitaliser à l'hôpital de Sulingen où il décède le 9 mai 1945.

Enterré dans une sépulture provisoire au cimetière protestant luthérien de Sulingen, son corps fut rapatrié à Montmaur, le 29 avril 1949 et inhumé dans un tombeau érigé sur la colline Sainte Philomène. Les anciens de « La Chaîne » organisent chaque année, une cérémonie commémorative.

 

 

Le commandant Mauduit a été décoré par décrets signés du Général de Gaulle :

- de la médaille de la Résistance le 3 avril 1944

- de la croix de guerre avec palme le 11 novembre 1944.

 

Emission télévisée du 22/04/2008 : « Mitterrand à Vichy ».

Dans cette émission, Serge Moati et Christophe Barbier  présentent le commandant Mauduit sous un aspect qui n’est pas conforme à la réalité telle que j'ai pu la découvrir grâce à mes recherches.

Le personnage qui tenait le rôle de Mauduit n'avait aucune ressemblance. Il suffit de regarder la photographie jointe en page d’accueil, l’homme aux chaussettes blanches recherché par la Gestapo en 1944. Quant au château, il n’était même pas celui de Montmaur , qui aujourd’hui appartient au conseil régional.

Cette émission (fiction!) s'intéressait à François Mitterrand et ses relations avec Vichy. J'ai regretté que le commandant Mauduit ne soit pas mieux présenté.

Le texte de mon site internet ne mentionne pas les rencontres de François Mitterrand avec Mauduit en 1942 ou encore les hommages rendus par le ministre puis le président.

Quelques livres concernant la biographie de François Mitterrand mentionnent les rencontres avec le maquis de Montmaur et la fondation des mouvements prisonniers. Par exemple le livre de Pierre Péan, « Une jeunesse française » . Péan mentionne aussi le docteur Fric (frère d’arme de Mauduit à la légion étrangère en 1940). Le docteur Fric (Clermont-Ferrand) sera député, remplaçant du président Valérie Giscard d’Estaing. C’est en effet le premier à accompagner Mauduit dans son engagement prisonnier.    

contact: pierreamiot8@orange.fr

 

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dernière modification 18/12/2012